lundi 12 mai 2014

Les gens hostiles sont en moins bonne santé.

Les gens hostiles sont en moins bonne santé.
Avoir un tempérament plus hostile est associé à des marqueurs spécifiques de l'inflammation du système circulatoire, un facteur de risque de maladie coronarienne. C'est ce qu'indique une étude transversale menée par une équipe de chercheurs de l'Université de Montréal dont les résultats ont récemment été publiés dans le Journal of Psychosomatic Research.

"On sait que l'hostilité peut augmenter le risque d'avoir une maladie coronarienne et d'en mourir, affirme Bianca D'Antono. Mais on connaît moins bien les mécanismes par lesquels l'hostilité agit sur la santé." La professeure du Département de psychologie et ses collègues - dont Jean-Claude Tardif, directeur du Centre de recherche de l'Institut de cardiologie de Montréal (ICM) - ainsi que son étudiante Julie Boisclair Demarble ont découvert que l'hostilité est associée à des marqueurs d'inflammation : le TNF alpha (tumor necrosis factor), la protéine C réactive et l'interleukine 6. "Un lien a pu être établi entre l'hostilité et ces marqueurs chez plusieurs sujets de l'étude avec ce type de tempérament, mais les plus jeunes participants, particulièrement les femmes, semblaient davantage touchés que les autres", signale Mme D'Antono.

D'après la chercheuse, l'ensemble des sujets étaient en "très bonne santé", ce qui exclut la possibilité qu'une maladie sous-jacente soit à l'origine du niveau plus élevé de marqueurs d'inflammation décelé dans le sang. Aucun des participants n'avait d'antécédents de maladie coronarienne, d'accident vasculaire cérébral ou de trouble métabolique et immunitaire au moment où il a subi son évaluation initiale, soit entre 2005 et 2007, ni trois ans plus tard à l'occasion du suivi. "Notre étude confirme que la personnalité joue un rôle dans les maladies cardiaques et que l'hostilité a des effets sur les mécanismes inflammatoires du corps", résume la professeure D'Antono.

Hostile jusqu'au sang
L'hostilité traduit une attitude complexe, résultant entre autres d'un cynisme ou d'une grande méfiance vis-à-vis des motivations d'autrui. Par exemple, quand quelqu'un est gentil avec elle, la personne a le réflexe de penser qu'il y a anguille sous roche. "Cette hostilité, précise Bianca D'Antono, correspond à un trait de caractère, sans que cela soit du domaine de la pathologie. La plupart du temps, ces gens sont très agréables et s'affirment positivement." Il faut souligner que les travaux de Mme D'Antono laissent volontairement de côté les sujets dont l'hostilité est pathologique et à l'origine d'actes violents. "Je m'intéresse à l'hostilité des gens normaux, qu'elle soit liée à un trait de la personnalité ou qu'elle soit une réponse à celle des autres." Dans ces cas, l'hostilité peut se refléter sur le plan de l'"affect" par de la colère ou encore par des comportements interpersonnels plus querelleurs et moins agréables. Ainsi, untel discréditera ce qu'une personne de son entourage a dit, une autre ne communiquera pas un renseignement utile à un collègue de travail.

A partir de prélèvements sanguins réalisés auprès de 199 hommes et femmes âgés de 18 à 65 ans, les chercheurs ont suivi l'évolution des taux de divers marqueurs d'inflammation. Ils ont ensuite tenté de voir s'il existait un lien entre ces marqueurs et la personnalité de chacun des sujets de l'étude. Préalablement, les participants avaient rempli une série de questionnaires dont le Cook-Medley Hostility Scale, qui permet d'estimer le degré d'hostilité. Ils avaient aussi noté pendant 21 jours consécutifs leurs émotions et comportements dans un journal de bord électronique. Résultat : les hommes et les femmes âgés de 35 ans et moins dont la nature hostile était la plus forte ont eu les taux de TNF alpha, de protéine C réactive et d'interleukine 6 les plus élevés. Le lien entre la personnalité et les marqueurs d'inflammation était encore plus significatif chez les jeunes femmes.

Effets physiologiques du stress
Depuis son doctorat en psychologie clinique à l'Université McGill sous la direction de Blaine Ditto, Bianca D'Antono s'intéresse au rôle du stress, de l'hostilité et des fonctions du système nerveux dans la santé et la maladie cardiovasculaire. Après un postdoctorat à l'ICM, elle y a travaillé comme chercheuse avant d'entrer en 2002 au Département de psychiatrie de l'UdeM. En 2011, elle a été engagée à titre de professeure par le Département de psychologie.

Actuellement, Bianca D'Antono met la dernière main au deuxième volet de son étude. A partir de données expérimentales et prospectives (mesures des marqueurs d'inflammation avant l'exposition au stress et après l'exposition sur une période de trois ans) auprès des 199 personnes recrutées pour sa recherche initiale, elle compte observer les effets physiologiques du stress et de l'hostilité sur la santé. En plaçant les sujets dans des situations stressantes d'intensité faible ou modérée, la chercheuse a pu évaluer les réactions physiologiques à ces situations. Quatre conditions expérimentales ont été testées. Dans la première, les sujets ont simplement lu un texte de géographie à l'expérimentateur. Dans la deuxième et la troisième, ils devaient se livrer à un jeu de rôle basé sur deux scénarios: l'un avec des répliques neutres ou agréables, l'autre avec des dialogues agressifs. Dans la dernière condition, les sujets devaient débattre leur point de vue sur l'avortement avec une autre personne.

L'hostilité influence-t-elle la réaction inflammatoire selon qu'elle agit sur le plan de l'affect ou qu'elle se manifeste dans les comportements interpersonnels? C'est ce que permettra de découvrir la suite de ces travaux. Grâce aux données d'une cohorte hospitalière de l'ICM, pour laquelle plus de 18.000 participants ont déjà été recrutés, la chercheuse évaluera également l'importance de l'hostilité dans l'activité inflammatoire.

Source & info:http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75871.htm
BE CANADA 435.

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