EN FINIR AVEC LES AGRO-CABURANTS
La course folle aux agro-carburants, censés alléger notre facture énergétique et qui se révèlent plus polluants que le pétrole et producteurs équivalents de CO2, est dénoncée par Inter-Environnement Wallonie. Les Etats européens ayant dépensé 10 milliards € en 2011 pour soutenir l’industrie des agro-carburants, c’est là une belle illustration supplémentaire du proverbe « l’enfer est pavé de bonnes intentions ».
La philosophie verte a à ce point envahi les consciences des technocrates européens que les Etats-membres ont dépensé 10 milliards en 2011 pour encourager la filière des agro-carburants alors que cette industrie ne génère « que » entre 13 et 16 milliards de chiffre d’affaire.
Une situation ubuesque dénoncée par Inter-Environnement Wallonie qui constate que cette filière « ne contribue pas à réduire les GES (gaz à effet de serre) ». Pire : « Si les émissions liées aux changements indirects d’affectation des sols (ILUC) sont prises en compte, la grande majorité de l’agrodiesel présent sur le marché induit des émissions supérieures à celles des carburants fossiles. Sans compter que les agrocarburants favorisent la volatilité des prix alimentaires et l’accaparement de terres dans les pays du Sud. »
En Belgique, le soutien fiscal prend la forme d’exemptions d’accises sur l’agroéthanol et l’agrodiesel, respectivement pour des montants annuels d’environ 70 et 150 millions €, selon les estimations d’Inter-Environnement Wallonie. « En 2010, il y avait dans notre pays en moyenne 6 % d’agroéthanol dans l’essence et 4,5 % d’agrodiesel dans le diesel. » Le surcoût pour le consommateur est évalué à 200 millions €.
Noé Lecocq, d’Inter-Environnement Wallonie, déclare : « Nous savions déjà que la politique européenne de promotion des agrocarburants n’aide pas le climat. [Une étude de l'Institut International du Développement Durable] démontre qu’elle n’aide pas non plus notre économie. Les 10 milliards d’euros de soutien de l’Europe aux agrocarburants correspondent à un plan de sauvetage de Chypre chaque année ! Et ce montant risque de doubler si les Etats membres s’accrochent à leur politique de promotion des agrocarburants. Un gel au niveau actuel d’utilisation, comme proposé par la Commission en octobre 2012, ne permettra pas seulement d’économiser du CO2 mais aussi beaucoup d’argent. »
Sur la période 2014-2020 si cette course folle devait s’emballer, faire passer la part de ces bioéthanols de 5 à 8,6% exigerait entre 29 et 33 milliards de soutien public supplémentaire.
Inter-Environnement note qu’ « un investissement annuel de 10,7 milliards € pour soutenir la conversion de l’industrie automobile vers des voitures moins émettrices de CO2 permettrait d’économiser 40 MT de CO2 et s’autofinancerait par l’intermédiaire d’une diminution des importations de pétrole ».
Bref, il est temps d’arrêter le massacre et ne plus se lancer dans des projets pharaoniques qui nuisent in fine à l’environnement.
Source: Le Peuple.be (X.D.)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire