lundi 29 août 2022

Plafonner les prix de l'énergie, le difficile combat belge.

 La Belgique veut relancer l'idée d'un plafond pour les prix du gaz et de l'électricité. Mais c'est tous azimuts que l'exploration de solutions face à la crise énergétique est étudiée.

L'idée d'un plafonnement du prix de l'énergie avait déjà été portée par la Belgique au niveau européen en mars, sans aboutir. La revoilà, dans un contexte qui a pas mal évolué. D'une part, les prix du gaz continuent à grimper. D'autre part, certains pays, comme l'Autriche, avancent aussi cette option. L'Espagne et le Portugal l'appliquent même.
Comment sont formés les prix du gaz et de l'électricité?
En Europe, les cotations du gaz se font au niveau d'une bourse, principalement le TTF (Title Transfer Facility) à Amsterdam. Le prix est donc fixé sur base de l'offre et de la demande. Plusieurs paramètres entrent en jeu, comme la disponibilité de gaz naturel liquéfié (GNL), la météo, l'approvisionnement possible en charbon ou en énergie renouvelable...
Le prix de l'électricité est déterminé au niveau européen, sur base d'un principe: que toutes les unités soient rentables, quelle que soit leur origine (nucléaire, renouvelable, gaz...). Par conséquent, c'est le prix de l'unité la plus chère, à base de gaz donc, qui régit le système.
Quels prix plafonner?
L'Espagne et le Portugal plafonnent déjà le prix du gaz comme intrant dans la production d'électricité. Ils compensent la différence au moyen des surprofits des entreprises énergétiques réalisés grâce à la hausse des prix.
Francesco Contino, professeur à l'École polytechnique de l'UCLouvain, se montre dubitatif quant à une baisse du seul prix de l'électricité. "Le marché belge est beaucoup plus interconnecté que celui de ces pays. Notre consommation est aussi beaucoup plus importante pour nous chauffer et pour les processus industriels. Si on diminue de cette manière le coût de l'électricité, j'estime que l'effet sera négligeable sur nos factures, aux alentours de 10%."
La ministre de l'Énergie, Tinne Van der Straeten (Groen), porte l'idée du plafonnement des prix tant du gaz que de l'électricité. Le Premier ministre Alexander de Croo (Open VLD) la suit. Une note a été préparée en vue notamment de la réunion des ministres européens de l'Énergie, le 9 septembre.
De quelle manière plafonner ces prix?
La note de Tinne Van der Straeten se base sur trois axes, dont le premier devrait apporter un effet "immédiat", explique la porte-parole de la ministre. "Il faudrait plafonner sur base d'un prix du gaz qui resterait quand même plus élevé que celui des autres continents, pour continuer à attirer les fournisseurs." Les plafonds de prix pour le marché de l'électricité seraient révisés sur la base de cet ajustement sur le marché du gaz.
La solution à moyen terme de Tinne Van der Straeten serait d'agir au niveau du marché. En cas d'événements exceptionnels ou de comportement irrationnel du marché, "on pourrait fermer la bourse", résume la porte-parole de la ministre.
Enfin, une solution qui prendrait plus de temps serait celle d'un découplage: on réformerait radicalement la façon dont les prix de l'électricité sont formés, sans plus les atteler automatiquement à ceux du gaz. Fin d'un système et discussions houleuses en vue...
Une forme de plafonnement existe déjà en Belgique, avec le tarif social. "C'est probablement la bonne approche, il faut cibler très précisément les bénéficiaires des aides", appuie Francesco Contino.
"Mais la meilleure façon de se protéger reste de diminuer la consommation. Au niveau de l'habitat, il faudrait absolument multiplier les audits énergétiques. Il faut être créatif pour ses déplacements, en changeant ses horaires de travail par rapport aux trains, par exemple. Il faut aussi mobiliser les fonds privés pour accélérer la transition vers le renouvelable."
Francesco Contino rappelle aussi que les alternatives aux ressources fossiles telles que l'hydrogène ou le méthane de synthèse vont devenir économiquement plus rentables face aux coûts affolants du gaz et du pétrole. "Mais il ne faut pas oublier les effets secondaires, comme la nécessité de grandes infrastructures qui coûtent aussi!"
Alors, faut-il plafonner ou pas?
Le plafonnement des prix n'est pas la seule option développée au niveau belge. Ainsi, ce mercredi, aura lieu un Codeco réunissant entités fédérale et fédérées. "On a demandé à chacun de venir avec des pistes, explique la porte-parole de Tinne Van der Straeten. On le voit plutôt comme un brainstorming."
Les Régions ont en effet un poids dans cette lutte, avec leurs compétences pour l'habitat et l'éolien onshore, et bien sûr un impact en termes de sensibilisation.
"Il ne faut pas médiatiser le plafonnement comme l'unique solution, plaide Francesco Contino. En ce sens, ce Codeco est une bonne idée"
Le résumé:
1) La Belgique veut relancer l'idée d'un plafond pour les prix du gaz et de l'électricité au niveau européen.
2) Le plafonnement des prix du gaz semble très compliqué.
3) Un tel changement aura un coût important et il faudra convaincre les partenaires européens.
4) Ce mercredi, un Codeco permettra déjà aux Régions et au Fédéral d'avancer de nouvelles pistes pour tenter d'apaiser la crise énergétique.
Info & source: L'ECHO.BE
SOPHIE LEROY
Aujourd'hui à 14:53


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Le pétrole russe coule à flots

  Le pétrole russe coule à flots. Aberration et hypocrisie. La Russie est sous sanctions. On ne compte plus les vagues. Et pourtant, le pétr...