Transport routier : 4349 emplois perdus en 4 ans.
Le secteur va communiquer le chiffre ces prochains jours: entre 2008 et 2012, 4 349 emplois ont été perdus dans le transport routier.
En cause: le recoursà de la main-d’œuvre étrangère. Problème: ce sont des sociétés… belgesqui organisent le dumping. Enquête avec un policier spécialisé.
Ils sont polonais, tchèques, slovaques, roumains, bulgares… Des braves gars qui viennent de l’Est et travaillent ici, dans le transport routier, pour des salaires bien inférieurs à ceux de leurs homologues belges, qu’ils remplacent d’ailleurs progressivement sur le siège conducteur…
Au point que du côté des syndicats, des associations professionnelles et des chauffeurs, on hurle à la concurrence déloyale, voire carrément à la fraude devant un phénomène qui, s’il n’est pas neuf, prendrait une ampleur inquiétante…
10 % du nombre de chauffeurs
Des chiffres? Voici les derniers, qui seront bientôt officiellement communiqués Pas moins de 4 349 équivalents temps plein ont été perdus entre juin 2008 et juin 2012 dans le secteur du transport routier selon les derniers chiffres de l’institut du transport routier et logistique Belgique (ITLB), de l’ONSS et du SPF Mobilité. Soit près de 10 % du nombre chauffeurs.
«Coût» total de ces pertes : 177 millions d’euros. Et encore, on ne comptabilise pas les indemnités de chômage… Une perte dont une des causes principales serait justement le recours qu’ont des entreprises belges à de la main-d’œuvre en provenance des pays de l’Est.
Le hic? Il est de taille, et confirmé par un policier spécialisé avec qui nous avons mené, sur le terrain, l’enquête: de nombreuses entreprises belges, et pas nécessairement les plus petites, œuvrent dans l’illégalité la plus complète.
Le principe est simple: une société de transport belge ouvre une succursale dans un pays de l’Est. La Slovaquie par exemple, où des «locaux» proposent l’ouverture d’un «bureau virtuel» pour 40 €…
Au départ de ce «bureau», en réalité une boîte aux lettres où il n’y a aucune activité économique, des chauffeurs locaux sont engagés, avec des contrats locaux, avant d’être conduits en autobus en Belgique où ils prennent ensuite le volant de gros semi-remorques.
Particularité: le tracteur est immatriculé dans le pays où se trouve la filiale (polonaise, tchèque, etc.). Et la remorque est belge .
«Mais il ne faut pas se leurrer, indique ce policier, les camions restent en permanence en Belgique. Il suffit de jeter un œil sur les carnets d’entretien…»
Les chauffeurs passent ainsi plusieurs semaines dans le pays, parfois 3 à 4 mois, en gagnant un salaire bien moindre qu’un chauffeur belge. Mais au total supérieur à ce qu’il gagnerait chez lui. Après quoi, ce chauffeur rentre chez lui durant deux semaines avant de revenir en Belgique…
Chauffeur low cost
Pour l’employeur belge, le bénéfice lié à l’emploi d’un chauffeur étranger est clair: charges sociales plus faibles, salaire moindre, etc. Autrement dit, un chauffeur low cost. La pratique est telle qu’ il existerait des entreprises belges dont plus de 75 % des chauffeurs belges ont été «remplacés» au profit de chauffeurs étrangers.
Mais les dits chauffeurs, eux, reste loin de leurs proches, avec leurs camions pour seul toit. Le week-end, tous ces chauffeurs, heureux de bien gagner leur vie, se retrouvent sur des grands parkings le long des axes autoroutiers et ils restent là.
«Certains ont parfois la «chance» de pouvoir dormir dans un conteneur que l’employeur met à leur disposition sur le site de l’entreprise, où on n’a installé qu’un lit et une chaise. Ou encore dans une caravane…»
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