mercredi 9 octobre 2013


.

Alors que des députés français caquettent pour faire taire une élue Ecolo, en Australie, l'ancienne Premier ministre a dû faire face à un mépris inouï.
Julia Gillard en avril 2013.
Julia Gillard 


La France n'a pas le monopole du sexisme en politique. Alors que des députés UMP ont caqueté mardi soir pendant l'intervention d'une élue écologiste, l'obligeant à s'exclamer qu'elle n'était "pas une poule"un billet, publié justement mardi soir sur le blog de l'Agence France-Presse, nous rappelle qu'être au pouvoir quand on est une femme expose à subir des attaques d'une rare violence, y compris aux antipodes.
Amy Coopes, la correspondante de l'AFP en Australie, narre l'édifiante expérience de Julia Gillard, première femme à être devenue chef du gouvernement australien, un pays à la réputation de machisme bien affirmée, précise-t-elle. Julia Gillard est restée Premier ministre de juin 2010 juin 2013.
Entre ces deux dates, on a pu lire dans la presse à propos de Mme Gillard "Enfermez-la dans un sac et jetez-la à la mer", "Tabassez-la à coups de pied jusqu'à ce que mort s'ensuive". Des articles entiers ont été consacrés à la couleur de ses vestes, qui lui "ferait de grosses fesses", ou celle de ses cheveux, trop roux, ou encore à sa chute lors d'une visite officielle en Inde. Avant même son arrivée à la tête de l'exécutif, Julia Gillard subissait des attaques des conservateurs en raison de son choix de ne pas avoir d'enfant, une décision "personnelle" qui, disait-elle, avait facilité sa carrière politique.

"Salope"

Un traitement sexiste ? Oui, répond la correspondante de l'AFP qui relève que Julia Gillard, à l'instar du personnage de fiction Birgitte Nyborg dans la série Borgen, était à la tête d'une fragile coalition, et qu'elle a su imposer des mesures courageuses. Une loi anti-tabac d'une extrême sévérité, résistant au lobbyisme forcené des cigarettiers (ce que nos députés européens n'ont semble-t-il pas su faire mardi à Strasbourg), une taxe carbone sur les entreprises pollueuses et l'imposition "des bénéfices des compagnies minières". Lors des manifestations qui ont eu lieu pour s'opposer à sa politique, des pancartes la traitaient de "sorcière" et de "salope".
Le fait d'arme le plus éclatant de Julia Gillard reste ce discours prononcé à l'encontre du chef de l'opposition à la chambre Tony Abbott, le conservateur qui lui a succédé à la tête du pays. Julia Gillard devait faire face à une motion de censure de son gouvernement déposé par l'opposition. Il lui était reproché d'avoir nommé à la présidence de la Chambre des représentants un homme contraint de démissionner après des faits de harcèlement sexuel. 
"Je ne recevrai pas de leçons sur le sexisme et la misogynie de cet homme. Pas question. Et le gouvernement ne recevra pas de leçons sur le sexisme et la misogynie de cet homme. Ni aujourd'hui, ni jamais, avait alors martelé Julia Gillard. Le chef de l'opposition dit que les gens qui sont sexistes et misogynes ne conviennent pas à de hautes fonctions. Eh bien j'espère qu'il a signé sa propre démission, parce que s'il veut savoir à quoi ressemble la misogynie dans l'Australie moderne, il n'a pas besoin d'une motion à la Chambre des représentants, il a besoin d'un miroir", avait déclaré Mme Gillard en préambule de son intervention. Puis elle avait listé de multiples citations montrant le sexisme échevelé d'Abbott, ainsi "Si en général, les hommes ont plus de pouvoir que les femmes, est-ce une mauvaise chose ?" ou encore "Et si les hommes, en raison de leur physiologie ou leur tempérament, étaient plus faits pour exercer l'autorité ou commander ?"
Ce discours, qui durait 15 minutes, se concluait en signalant que Tony Abbott regardait sa montre, car "apparemment une femme avait parlé trop longuement" et l'invitait à réfléchir sur la place des femmes en politique et dans la société australienne. Tony Abbott, note Amy Coopes, dirige le nouveau gouvernement australien, lequel ne compte qu'une seule femme ministre. Il s'est arrogé le portefeuille du Droit des femmes.

Info & source: le point.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Le pétrole russe coule à flots

  Le pétrole russe coule à flots. Aberration et hypocrisie. La Russie est sous sanctions. On ne compte plus les vagues. Et pourtant, le pétr...